Eglise saint Laurent de Ceyzériat

      La première église connue dans le Revermont est celle de St Julien Sur Roche construite vers l’an 750 par les moines de Saint Vincent de Mâcon sur les hauteurs du Revermont, au-dessus de Jasseron.

 Vers l’an 1000 le bourg de Ceyzériat commence à se développer, ainsi que plus tard le quartier de la Ville ; deux points d’implantation parce qu’une frontière constituée par le ruisseau de la Vallière sépare les terres de l’abbaye d’Ambronay (comté de Savoie) de celles des sires de Coligny (empire de Germanie). Côté Ceyzériat il existait un château et une petite chapelle romane ; côté la Ville un prieuré avec une chapelle. L’ensemble devient savoyard en 1304 sous Amédée V.

En 1417, le comte Amédée VIII ou Amé VIII vient d’être reconnu duc de Savoie par l’empereur germanique Sigismond ; devenu veuf il se retire en 1434 au prieuré de Ripaille ; il est élu pape en 1439 sous le nom de Félix V (il est le dernier pape d’ Avignon, en fait antipape ; il met définitivement fin au grand schisme d’Occident en ayant l’intelligence et l’humilité de démissionner en 1449 pour reconnaître un seul pape, celui de Rome). C’est donc ce duc de Savoie qui en 1417 concède un terrain pour construire à Ceyzériat une église et son presbytère sur la place rocheuse près des anciennes murailles de la première cité.

 

La nef et l’abside sont terminées en 1430. Les vitraux sont installés avant 1450.

L’église s’agrandit au XVème et XVIème siècle par l’adjonction de trois chapelles à gauche et de cinq chapelles à droite. Pas d’indication sur la date de la construction du premier clocher.

La paroisse de Ceyzériat faisait alors partie de la châtellenie de Treffort, du bailliage de Bourg, et du duché de Savoie (capitale Chambéry).

 En 1601 Ceyzériat est rattaché à la France ; il intègre l’archiprêtré de Treffort créé en 1627 par l’évêque de Lyon. Les registres d’état civil sont tenus régulièrement depuis 1601.

Le presbytère devient "bien national" en 1790, et de 1794 à 1803 il sert de maison commune, c'est-à-dire de mairie pour la municipalité de Ceyzériat, puis de mairie cantonale.

 

Sous la Terreur, en 1794, l’église souffre avec l’ envoyé de la Convention, Albitte : démolition du clocher (qui venait d’être refait en 1793), interdiction de la messe, vente de tout le mobilier, et transformation en Temple de la Raison, utilisé alors pour les réunions décadaires où l’on publie et explique les lois et les arrêtés.

 

En 1801 avec Bonaparte, premier Consul qui signe un concordat avec le pape Pie VII, les choses s’améliorent. Le culte est de nouveau autorisé, l’église réparée. Le clocher reconstruit en 1812, puis en 1818 (car victime de l’incendie de 1815 causé par la foudre).

 

En 1843-1845 ce sont les gros travaux dont on peut voir à l'extérieur, côté sud, la plaque inaugurale ; ils permettent l’agrandissement de la nef de 297 m2 à 378 m2 de surface utile avec la création de deux nefs latérales et d’un transept. La statue de la Vierge est érigée en 1864.

 

Un conseil de fabrique avec six marguilliers gère le bâtiment jusqu’en 1905. En 1872 il prendla décision controversée de vendre les vitraux du XVème à la chambre de commerce de Lyon et à un collectionneur lyonnais.

 

Avec la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, l’église et le presbytère deviennent la propriété de la commune de Ceyzériat. Le presbytère occupé quelques années par le juge de paix est racheté par une bienfaitrice, Melle de la Boulaye, en 1912, et réaffecté au curé.

 

A la fin de la guerre, lors des combats de la libération, l’église subit le 3 septembre 1944 un bombardement américain pour neutraliser des observateurs allemands retranchés dans le clocher. Les travaux urgents de réparation seront effectués en 1945.

De 1960 à 1962, les toitures de la nef et de la sacristie sont refaites et le clocher est rénové.

En 1969, suite à la réforme du concile Vatican II, pour introduire plus de simplicité et de dépouillement dans la liturgie; l’intérieur de l’église est réaménagé après discussion avec la mairie et la commission diocésaine d’art sacré.

 

Enfin l’église bénéficie de trois dernières séries de travaux :

  - en 1984 réfection totale de la toiture et du clocher

 - en 1987 rénovation complète de l’intérieur

- enfin de 1987 à 2000 retour, restauration et réinstallation des magnifiques vitraux du XVème siècle.

 

Le clocher tors

Ceyzériat s'enorgueillit de posséder un clocher peu commun : un clocher ''tors''. Il n’y a qu’une centaine de clochers tors en Europe dont 60 environ en France. Le reste est localisé en Allemagne, en Belgique et en Autriche. L'Ain en possède deux : le second est à Attignat. On en trouve également  à Mervans (71) sur la route de Dijon, à Gigny (89),  ou à St Côme d’Olt sur le Lot, sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

 

      Il y a deux sortes de clocher tors :

 

             - ceux qui résultent d’une torsion de la charpente en vieillissant

 

             - ceux qui sont construits volontairement torsadés, comme c’est le cas à Ceyzériat  et dans une trentaine de cas seulement ; ce sont les plus beaux.

      Dans sa forme actuelle, le clocher date de 1818 ; il est l’œuvre d’un maître charpentier de Tossiat compagnon du Tour de France, Dumoulin ; cette technique de construction s’est en effet transmise par le compagnonnage. Et c’est un vrai chef-d’œuvre que nous a transmis Dumoulin.

      Nous n’avons pas d’indication sur la forme du clocher antérieur démoli à la Révolution et reconstruit en 1812, mais victime de la foudre en 1815.

       Vu de l’extérieur, il commence avec une base carrée, puis continue avec un étage octogonal sur lequel se dresse le cône de la flèche, torsadé dans son premier tiers. Cette élévation a un sens symbolique : on passe du carré représentant ce qui est terrestre au cercle représentant la perfection de Dieu. C’est une invitation à nous élever nous aussi.

 

     Pour en savoir plus sur les clochers tors, on peut suivre le lien suivant :

 www.clocherstors.com/fr/les-clochers-en-europe.html