A Journans, le premier lieu de culte attesté par les archives a été au XVe siècle la chapelle gothique de Saint Valérien (remaniée ultérieurement), construite sur une colline un peu à l’écart du village et entourée par le cimetière. Elle n’est alors qu’une annexe de la paroisse de Revonnas. Au XVIIe siècle, comme les habitants de Journans la trouvent « trop éloignée et difficile d’accès », elle est remplacée par une église neuve, située dans le haut du village, placée sous le vocable de Saint Vincent, patron des vignerons, et bâtie entre 1659 et 1661 à l’emplacement de l’église actuelle. Jugée encore « trop petite », elle est remplacée une dernière fois au XVIIIe siècle par l’église actuelle, sur l’emplacement de laquelle elle est construite, après démolition (sans doute partielle) de la précédente : cette reconstruction, décidée en 1781, et qui comporte l’édification d’un clocher et d’une sacristie, ne s’achève qu’en 1792. Dès 1794 le conventionnel Albitte fait raser le clocher, qui ne sera reconstruit qu’en 1837.
Elle présente un bon exemple de l’architecture de la fin du XVIIIe siècle (plan, façade et modénature). Elle comporte une nef centrale de deux travées et deux bas-côtés moins élevés. Elle a gardé son autel (dernier quart du XVIIIe siècle), en marbre polychrome, avec ses gradins et son tabernacle, ses six chandeliers et sa croix d’autel, sa grille de communion, ses stalles et sa chaire (XIXe siècle). Les vitraux actuels datent aussi du XIXe siècle.
Plusieurs pièces du mobilier de Saint-Vincent témoignent encore de cette histoire des chapelles et églises de Journans :
. les fonts baptismaux, à l’entrée, côté nord, datent du XVe siècle.
. les deux bas-côtés comportent en direction de l’est deux autels symétriques en bois, peints en faux marbre, avec retable et gradins, l’un (côté nord) consacré à la sainte Vierge, l’autre (côté
sud) à Saint Vincent (fin XVIIIe – début XIXe siècle).
Enfin, quatre statues et trois tableaux complètent cet ensemble.
-* Une Vierge de Pitié (ou Pietà) en bois polychrome (XVIe siècle), déposée depuis sa restauration (1996) aux Archives départementales de l’Ain, a fait l’objet d’une copie placée à Saint-Vincent
entre la chaire et le choeur.
-* Trois statues en bois stuquées et dorées, restaurées en 1999 : une statue de Saint Valérien, de facture baroque (fin XVIIe siècle ?) dont on peut retrouver des variantes dans des églises du
sud-est de la France (mur du bas-côté sud) ; une statue de Saint Vincent de style néo-classique (fin XVIIIe siècle) et une Vierge à l’enfant (fin XVIIIe siècle ?), au-dessus des autels des
bas-côtés.
-* Trois tableaux, restaurés également en 1999 : les deux archanges Michel et Gabriel , du peintre bressan Benoît Alhoste (vers 1620 ?1677), contre les piliers nord et sud ; et contre le mur
nord, au-dessus des fonts baptismaux une Vierge à l’Enfant (fin XVIIe – début XVIIIe siècle ?), inspirée de l’icône de la Chapelle Pauline dans la basilique romaine de Sainte-Marie Majeure.
B. Dumoulin – J. Abbiateci.
Source: Diocèse de Belley-Ars, service diocésain d’Art sacré, 2007.